«-Il
est primordial de revenir aux sources, de se demander pourquoi les
animaux ont pour certains des organes d’émissions tels que la
voix. Revenir à l’utilité primordiale de cet outil et réapprendre
à l’utiliser consciemment dans le but recherché. Si certains
d’entre vous ont déjà appris à moduler une quantité phénoménale
de sons, d’autres ont appris à chanter ou à crier avant de me
rencontrer.»
Ainsi
commençait son cours chaque année lorsqu’il abordait ce sujet.
Mais disant cela, il montrait quantité d’autres choses présentes
autour des étudiants dans la salle. L’ordre dans lequel il
montrait les objets créait un rébus que les étudiants avaient la
possibilité de suivre en même temps. Cette première étape avait
pour mérite de laisser à tous la possibilité de penser et
d’écouter de manière libre le cours transmis. Il était quasiment
impossible d’avoir le temps de suivre du regard tous les endroits
indiqués tant il allait vite dans ce qui semblait être une danse
tribale. Beaucoup essayaient de prendre des notes et furent perdus
dans l’instant. Après cette courte démonstration il demandait
silencieusement à l’assemblée de commenter et partager sur
l’action passée.
Divers
avis fusèrent de parts et d’autres, parlant de la densité et du
nombre d’informations transmises en quelques instants, certaines
voix s’élevèrent contre l’impossibilité de comprendre ce qui
était dit lorsqu’il gesticulait ainsi, d’autres encore gémir
sur la possibilité maigre de prendre des notes.. Il y en eût qui
demandèrent comment une interrogation pourrait être possible et si
il fallait vraiment suivre ce cours. Certains au fond dormaient déjà
tandis que les plus avancés se rendaient compte des possibilités
qui étaient entrain de s’ouvrir. Après quelques temps de débats
animés les discussions s’éparpillaient et n’aboutissaient à
rien de concret lorsque la personne sur l’estrade devant le tableau
leva la main et imposa en quelques instants le silence de
l’assemblée.
-Qu’avez-vous
à dire de ce qu’il vient de se passer ?
Cinq
autres longues minutes emplirent l’amphithéâtre bruyamment avant
que, tous seuls cette fois, ils tombèrent d’accord pour se taire
et attendre la suite.
-Maintenant,
vous devez vous rendre compte que pour savoir pourquoi l’on
communique il faut d’abord savoir écouter. Les premiers outils de
langages apparaissant lors de nos premiers instants au contact du
monde passent par les yeux pour recevoir et par le corps pour
émettre. Montrer l’exemple est la manière d’éduquer employée
par bien des espèces du règne animal, sans cris ni paroles la vie
peut être transmise sans l’ombre d’une utilité à savoir
parler. Cependant la voix sert à bien des espèces pour crier
l’alarme, le ralliement, montrer sa maîtrise de l’art de moduler
des sons pour faire le beau, prouver sa brutalité sonore pour ne pas
passer au combat. Les sons modulés sont des projets énoncés
pouvant être acceptés ou débattus mais ce qui est dit doit être
fait par ceux qui l’ont énoncé sinon d’autres devront le faire.
Les faits passés racontés doivent être ceux qui doivent être
transmis au fil des générations pour que le savoir continue
d’exister. Ce doivent être les légendes et mythes anciens
contenant le plus de savoirs qui doivent primer que sur les histoires
minimes qui font perdre du temps. Au présent il faut être prudent
car ce qui est dit sera. L’art de manier les sons peut permettre de
les moduler de sorte à la rendre agréable à l’oreille et
transmettre les savoirs avec une classe travaillée. Du reste il vaut
mieux savoir prouver sa sagesse sans mots ni violences.
Ce
faisant, il avait tracé quelques symboles sur le tableau noir,
d’anciennes formes remontant à la nuit de temps. Certains de ces
symboles semblaient être des graphèmes runiques, d’autres
clairement tirées de différents alphabets ou époques. D’autres
étaient enfin des alliages de différentes formes disposée de
certaines façons. Il demanda aux étudiants de recopier sur une
feuille symboles de leurs choix et d’y mettre la signification qui
leur venait à l’esprit lors de la vue de ceux-ci. Ramassant les
feuilles, il remercia les étudiants et leur donna rendez-vous à la
semaine suivante.
Il
avait lu dans un magasine que le semaine suivante l’une de ses
élèves se manifesterait et il y avait vu un moyen aisé de récolter
autant d’informations que possible à l’avance afin de mieux
préparer sa venue, lui proposer une place où elle pourrait se
sentir entière et complète, libre de la modifier à souhaits voir
de l’agrandir à sa taille si nécessaire. Il avait bien
l’intention de continuer de suivre les conseils de son Patron
puisque jusqu’à présent tout l’avait porté plus haut en bien
être, santé et estime de soi. Il avait toujours su proposer des
cours accessibles à ceux qui écoutent mais vu le niveau annoncé,
il avait nullement envie de perdre du temps en amphi alors qu’une
étudiante de ce niveau passait par cette école.
Ayant
récolté toutes les feuilles avec ce que les étudiants y avaient
tracés, il rangea ses quelques affaires et repartit chez lui
attendre le retour de sa pierre de vie.
Il
avait une bonne semaine pour étudier les signes et leurs alliages,
les ressemblances d’écritures des différents étudiants ainsi que
leurs choix et papiers utilisés. Chaque détail avait son importance
et il ne pouvait prendre le risque que cette œuvre subisse le
moindre défaut. Lorsqu’un peintre prévoit de faire une peinture
qui sera conçue sur des décennies, il ne prends pas une toile
trouée. Rassemblant ses esprits, il médita longuement les paroles
qu’il avait entendu lors des débats estudantins qui avaient eu
lieu après ses interventions.
Tronwhat
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